Lydéric et Phinaert

Le jardin des Géants, construit sur un ancien grand parking désormais enterré, suit une logique de développement durable et de renouvellement urbain. Par ailleurs, le bâtiment technique est recouvert d’une structure permettant le développement d’une plante grimpante afin d’en masquer la vue et de marquer la prédominance de la nature dans cet espace. Le nom du jardin et les têtes géantes en osier à armatures métalliques rappellent les traditions des Géants du Nord de la France et de la Belgique.
Le jardin est aménagé en plusieurs sous-ensembles dont, côté lillois, le Parvis des nuages et côté madeleinois, l’Herbe des géants, le Jardin des sources (allée des têtes cracheuses et allée des brumes) et le labyrinthe des murmures.
Par sa disposition interne, la disposition de ses murs végétalisés, ce parc invite ses visiteurs à goûter à ses différentes ambiances grâce à ses chemins d’eau, sa pierre bleue, ses gargouilles, ses plantations (dont bambous et magnolias), sa tour-restaurant et sa serre-tour haute de seize mètres.
Aux alentours de l’an de grâce 620, le prince de Dijon, Salvaert, se rend au Royaume d’Angleterre accompagné de sa femme, Ermengaert, alors enceinte. Lors de leur trajet dans les Flandres, ils tombent dans une embuscade tendue par le seigneur local, le géant Phinaert. Celui-ci fait assassiner le prince et ses hommes, tandis que Ermengaert s’enfuit et trouve refuge auprès d’un ermite dans la forêt. Elle accouche d’un fils qu’elle confie à ce dernier près de la Fontaine del Saulx qui a donné son nom à une rue et un passage de Lille. L’ermite nourrit l’enfant au lait de biche, l’élève, et le baptise de son propre nom : Lydéric1.
Devenu adulte, Lydéric apprend la vérité sur son passé et retrouve la trace de Phinaert à la cour du roi Dagobert Ier à Soissons. Le , au terme d’un duel judiciaire, Lydéric passe le géant Phinaert au fil de son épée et venge ainsi ses parents. Les terres de Phinaert échoient à Lydéric sur lesquelles il fonde la cité de Lille.
Une ancienne version de ce récit se trouve dans les Annales de Flandre. Dans son ouvrage Les Genealogies et anciennes descentes des Forestiers et Comtes de Flandre avec brieves descriptions de leurs vies et gestes le tout recueilly des plus veritables approvees et anciennes croniques et annales qui se trouvent, publié à Anvers par Pierre Balthasar en 1578, Corneille Martin fait remonter la généalogie des comtes de Flandre à Lydéric, le premier forestier, d’après les Annales de Flandre de Pierre d’Oudegerst, docteur es lois. Lyderic dit le Buc ayant « occis et vaincu en camp clos le susdit Phinart meurtrier de son père, en la présence du Roy Dagobert », en 621 (sic), il gouverna le pays durant 52 ans. « On trouve par anciennes cartes que ce Lyderic portoit ses armes gironnées d’or et d’azur, à un écusson de gueules par dessus, et dient aucuns, qu’il les conquist sur le Phinart susdit : les austres estiment qu’elles lui vindrent de ses predecesseurs. » Lyderic meurt en 692. L’édition du livre de Corneille Martin, imprimé avec privilège du , sera suivie de deux rééditions par Jean Baptist Vrints (ou Baptiste Vrient) en 1598 et 1608, mises en ligne sur Gallica.
Selon la Chronique de Bergues-Saint-Winoc, attribuée à un religieux de la ville, Lyderic de Buc est le premier forestier de Flandre (prédécesseur des comtes de Flandre) nommé par le roi Clotaire (Clotaire II) en 621, afin qu’il fasse cesser les pillages des voleurs alors nombreux dans les forêts de Flandre.