Au lit on dort

La place du Lion d’Or semble apparaître, vers 1145, lorsque la porte de Courtrai est construite dans le périmètre de l’actuelle rue Saint-Jacques lors du premier agrandissement de Lille.
Cette place abritait un hôtel, déformation du ‘au lit on dort’ relais de poste à proximité de la poste aux chevaux dont l’entrée était située passage du Lion d’Or donnant sur la rue Saint-Jacques.

Dans la nuit du 22 au 23 mai 1925, un homme est assassiné à coups de couteau dans une impasse, dite « impasse de la Cour du Lion d’Or », donnant sur la rue Saint-Jacques à Lille. Deux témoins le voient agoniser, en entendant juste le bruit des pas du coupable. La police appelée sur les lieux constate la nudité partielle du cadavre. La victime est rapidement identifiée : Victor Bocquet, âgé de 40 ans, marié, travaillant au chemin de fer, très impliqué dans la vie syndicale locale. L’autopsie conclut que sa mort a suivi de très près une relation sexuelle. Les journaux se saisissent de l’affaire et, attirés par le côté sulfureux du crime, en font leurs gros titres. Cette affaire se déroule en trois temps. Dans un premier temps, du 23 mai 1925 au 27 février 1927, la police et les magistrats enquêtent sur de très nombreuses pistes qui ne donneront aucun résultat. Puis, du 27 février 1927 au 28 mars 1928, les enquêteurs suivent une seule et même piste : celle d’un couple constitué d’une prostituée et de son souteneur : Jeanne Poulaléon et Justin Escoubas. Cette piste se termine par un arrêt de non lieu. Enfin, après une interruption de plus de huit ans pendant laquelle les policiers et magistrats pensent que le mystère du crime du « Lion d’Or » restera entier, l’affaire est relancée de manière surprenante par les aveux spontanés d’Henri Verhoeven qui s’accuse du meurtre. Une nouvelle enquête est donc ouverte le 28 décembre 1936 ; elle s’achèvera le 17 juin 1938.

Cette affaire permet d’appréhender deux types de sexualité dite déviante. La première, la prostitution hétérosexuelle est tolérée et largement admise. La seconde relative à l’homosexualité est complètement taboue.