Parc Henri Matisse

Le parc a été aménagé entre 1996 et 2003 lors de la première phase de la construction d’Euralille sur la partie jouxtant la porte de Roubaix et la caserne Souham du glacis des fortifications de Lille déclassées en 1919, restée peu occupée.

Ce territoire était traversé par une voie reliant la rue de Roubaix à la rue du Faubourg de Roubaix par la porte de Roubaix, fermée à la circulation motorisée lors de la création du parc. Ce passage qui était également parcouru de 1876 à 1956 par la ligne de tramway F dont les rails subsistent comme vestiges à la sortie de la porte, est resté ouvert au passage des piétons. La voie qui existait depuis la fin des années 1930 dans le prolongement de la rue du Vieux Faubourg a également été supprimée. Une troisième voie routière disparue était parcourue par la ligne 2 du tramway ELRT dont le souvenir est évoqué par l’«allée du petit Mongy».

Forêt inaccessible de 2 500 m2 perchée sur un socle de sept mètres de haut, proche de l’emplacement d’un bastion disparu des anciennes fortifications de Vauban, planté d’essences originaires de régions de l’hémisphère nord (Amérique du Nord, Asie, Europe). Sa forme est la réplique d’une petite île de l’hémisphère sud se trouvant aux antipodes,

Derborence est le nom d’une forêt valaisanne, où se situe un roman de montagne de Ramuz, autour d’un revenant. Quelqu’un que l’on croyait perdu à jamais revient au village, à la grande stupeur des siens.
La parcelle secrète qui en porte le nom, dans le parc Matisse à Lille, pourrait tout aussi bien être une affaire de revenant. Juchée à sept mètres sur un plateau inaccessible, cette portion de nature imaginée par Gilles Clément est à l’abri des usagers du parc, qui ne peuvent ni la traverser ni l’observer intégralement. Ils ne peuvent que la contempler en contre-plongée du bas des falaises rigidifiées qui la délimitent.
Cette parcelle en retrait est d’une grande importance pour la faune et la flore du parc, qui y trouvent un environnement épargné de toutes les nuisances, mais aussi de toutes les attentions qui altèrent le vivant dans les espaces verts urbains. Sur un plan symbolique, cette île constitue un arrière-pays imaginaire, une forêt idéale à l’abri de la fréquentation et même de la simple observation qui lui ôterait son aura d’inaccessibilité.

Construite lors de l’extension de l’enceinte de la ville sous l’âge d’or des archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays-Bas, la porte de Roubaix a été édifiée par les maîtres maçons Michel Watrelos et Jean Lesur en 1620.

Elle remplace la porte des Reignaux de l’enceinte construite vers 1200 qui englobait les paroisses de Saint-Maurice et de Saint-Sauveur. Cette porte supprimée lors de la construction du rempart de 1617-1622 qui agrandit la ville au nord-est, était située au nord de la place des Reignaux, approximativement à l’angle de la rue du Vieux-Faubourg et de la rue à Fiens, et donnait accès à la route en direction de Roubaix.

La porte de Roubaix a ensuite été conservée par Vauban, lors de la reconfiguration des fortifications à partir de 1668, qui l’a simplement renforcée de quelques ouvrages avancés, en particulier le fort Sainte-Agnès détruit vers 1990 pour la construction du quartier EuraLille.

C’est ici que se présenta, en 1792, le major autrichien porteur de l’ultimatum du Duc de Saxe-Teschen, sommant la ville assiégée de se rendre.

La porte a été percée de deux arches latérales en 1875 pour permettre le passage de ligne F du tramway. Elle a été entièrement rénovée à l’occasion de la manifestation culturelle Lille 2004.

Donnant accès à la rue du Faubourg de Roubaix vers Roubaix, elle était un point de passage important jusqu’à l’ouverture en 1909 du boulevard Carnot ou «grand boulevard » où se reporte une part importante de la circulation.

Au milieu des années 1990, elle est fermée à la circulation motorisée déplacée avenue Le Corbusier mais reste ouverte aux piétons, donnant accès au parc Henri Matisse et à Euralille.